vendredi, mai 19, 2006

Kurt Weill, Milhaud, Hindemith & Cia

Kurt Weill en quittant l'Allemagne, en 1933, après un court passage en France et en Angleterre, il a perdu son pessimisme.
Sa musique est tout à coup devenue proche des comédies musicales de
Broadway. Il a même participé à créer le genre. Il a fait du
business. Ce qui ne veut pas dire que tout est à rejeter. Par
exemple "Lost in the stars" est une réussite proche de "Porgy and
Bess". Ce n'est pas forcément dans les moments de bonheur matériel
que l'on est le plus créateur, pour un artiste. Comme Debussy qui
compose Pelléas dans une période de précarité pour parler avec les
termes contemporains.

Pour Milhaud, je n'ai jamais rien lu sur ce sujet. Ce qui est sûr,
comme le dit le père Angélico Surchamp, c'est que le Milhaud à
partir de la Guerre 1939-45 devient beaucoup moins intéressant et
même souvent ennuyeux. Il n'est plus ce jeune loup novateur qui
choque ses contemporains par la nouveauté de sa musique.

Hindemith a écrit surtout une suite d'orchestre de
ses opéras dans le cas de "Mathis le peintre" et de "L'Harmonie du
Monde" .
Les autres symphonies de Hindemith :
Sinfonia serena
Sinfonietta en mi majeur
symphonie for concert band
symphonie in E flat
Pittsburgh symphony

Ne sont pas impérissables.

Un intérêt tout de même pour sa symphonie in E flat, surtout dans la
version Bernstein chez Sony.

Le Hindemith de jeunesse, celui des "kammermusik" des opéras comme
"Sancta Susanna" (que tu possèdes) bien sûr de "Cardillac" que tu
connais, de "Das Nusch-Nuschi" et "Neues von Tage", est infiniment
plus passionnant et novateur.
Dommage que je ne comprenne pas les chanteurs... ;-)

La symphonie des Psaumes de Stravinky est certe d'un grand intérêt.
Florent Schmitt ne l'aimait pas, dans un interview avec B.Gavoty que
j'ai il dit: "n'importe qui peut faire ça !". Il exagérait un peu.
Il s'était faché avec Stravinsky à cette époque dans les années
1950s.
Les autres symphonies de Stravinsky sont soit de peu d'intérêt:
symphonie en mi bémol
Symphonie en ut

Soit assez intéressantes comme la "symphonie en trois mouvements"
et surtout "Les Symphonies pour instruments à vents"
Mais, c'est ici, une forme symphonique qui vient du fond des âges,
comme celles de Delalande avec les symphonies pour les soupers du
Roy.

On ne peux pas dire que Milhaud se fasse remarquer par ses 12
symphonies. On reste trés déçus en général. Quelques exceptions avec
la N° 8 "Rhodanienne", la N° 4 "révolution de 1848", la première
peut être ?
Mais il a réussit ses 6 petites symphonies de chambre et ses 18 quatuors à cordes. D'une manière générale Milhaud, comme beaucoup de compositeurs de cette époque troublée qui ont du quitter l'Europe en 1933-1945 ont perdus une grande partie de leurs créativités aux USA (Weill, Hindemith, Milhaud, Eisler, Stravinsky, Bartok, Schönberg, Korngold, ....)

Idem pour Villa-Lobos, ses symphonies sont de peu d'intérêts, par
rapport à ses chôros , ses bachianas, son piano, sa musique de
chambre, ses poèmes symphoniques, ses musiques de films...excepté
peut être la N° 10 mais qui est en fait un vaste oratorio...
Ses 17 quatuors à cordes se classent avec ceux de Milhaud et de
Chostakovitch parmis les grandes productions du XX siècle pour cette
formation (qui ne m'excite guère à vrai dire.

Les cas les plus flagrants sont ceux de Stravinsky et de Schönberg
bien évidemment. Pour Stravinsky ,c'est surtout à Paris qu'il a
écrit ses formidables musiques qui, encore aujourd'hui, nous
étonnent.

Il faut croire que c'est souvent la jeunesse qui permet d'exprimer
la nouveauté dans le domaine de l'art. Mais aussi peut-être que
l'Europe et ses grandes capitales étaient, à cette époque, plus
propices à la créativité, à la nouveauté, que le continent
américain. aux USA il fallait, peut être pour subsister à cette
époque avec sa musique ? , être moins novateur et plus néoclassique.
Ce qui n'est peut-être plus le cas aujourd'hui ?


Claude J. Michel