samedi, juin 03, 2006

Tveitt

Comme chacun le sait ou l'imagine, il y a plein de compositeurs stimulants dans les pays nordiques et beaucoup sont en possession d'un très beau "métier". Dire que tous sont d'une originalité confondante serait excessif. Certains le sont. Tveitt n'a jamais cessé d'être cité dans les histoires de la musique pour ses recherches sur les gammes traditionnelles norvégiennes, ses recueils d'airs de Hardanger dont la subtilité d'harmonie et d'écriture les ont souvent fait comparer à des travaux similaires de Bartok ou de Janacek. Sa position dans la pénombre tient sûrement à de nombreux facteurs mais deux semblent assez évidents. L'un est la destruction par un vaste incendie de la plupart de ses oeuvres, en 1970. L'autre est son attitude extrêmement répréhensible pendant la seconde guerre mondiale et ce, dans un pays
qui pardonnait moins encore que d'autres de telles compromissions avec l'occupant nazi.

Cela étant, j'ai redécouvert assez récemment ce musicien à travers un disque BIS qui a connu un grand succès, CD comprenant la symphonie "Solgud" (Dieu du soleil, je présume) et le Prillar en sol. J'ai été époustouflé. Cette musique est d'un souffle assez exceptionnel et pourtant, ce n'est pas ce qui manque en général aux compositeurs nordiques. Elle est à la fois drue et raffinée, âpre et limpide, lumineuse et contrastée. On peut la trouver plus ou moins émouvante, je suis sans doute plus touché par Rosenberg ou par Valen, mais elle est certainement prenante et je ne pense pas que quiconque la connaît puisse en contester l'envergure. Quant à l'aimer, c'est autre chose; elle me plaît mais je peux concevoir que d'autres la trouvent trop "vitale", trop affirmative.

Les concertos pour piano sont également puissamment pittoresques. Il est cependant bien rare que la musique de Tveitt soit simplement "floklorisante" ; elle a des ambitions plus fortes, y compris sur leplan formel.

Thanh-Tâm Lê