lundi, janvier 01, 2007

György Sándor Ligeti (1923-2006)

L'antisémitisme lui interdit l'entrée à l'Université de Kolozsvár et les études de physique projetées, il doit porter l'étoile jaune.

De 1941 à 1943 il étudie la composition, l'orgue et le violoncelle au Conservatoire de Kolozsvár (aujourd'hui Cluj-Napoca).

En janvier 1944, il est incorporé dans les compagnies de travail obligatoire de l'armée hongroise, où il effectue des travaux de force à Szeged puis à la forteresse de Nagyvárad (Oradea, en Roumanie). Il s'enfuit et échappe ainsi à la déportation.

De 1945 à 1949 il suit des études de composition à l'Académie Franz-Liszt de Budapest, avec Ferenc Farkas et Sándor Veress.

À la fin de ses études à l'Académie Franz-Liszt de Budapest, Ligeti fait un long périple en Roumanie pour y étudier le folklore et collecter plusieurs centaines de chants populaires hongrois de Transylvanie.

Il s'inspire de Bartòk et des musiques populaires hongroises, roumaines et arabes. Son Premier Quatuor à cordes, Métamorphoses nocturnes (1953-1954), est dans cette tradition.
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Après les émeutes de 1956, il quitte la Hongrie et s'installe en Allemagne et prend connaissance d'un monde musical qu'il ignore en grande partie. Il travaille avec Karlheinz Stockhausen au studio de musique électronique de la radio de Cologne. Prend connaissance de la technique sérielle et entreprend une analyse de la première des Trois Structures pour deux pianos de Pierre Boulez.

A Cologne, il compose en 1957, Glissandi ; en 1958 Artikulation ; en 1958 Pièce électronique no 3 qui est inachevée.

Il s'installe à Vienne en 1959 et acquiert la nationalité autrichienne. Il enseigne la composition à Darmstadt, à Stockholm, à Berlin et à Hamburg.

C'est en 1961, avec Atmosphères, qu'il compose son œuvre manifeste. Il ne recherche ni mélodie ni harmonie, mais des couleurs sonores dans une musique « statique » dont la densité est héritée de Bartòk : « Ma musique donne l'impression d'un courant continu qui n'a ni début ni fin. Sa caractéristique formelle est le statisme, mais derrière cette apparence, tout change constamment. ». Sa musique se prête à une écoute globale plutôt qu'analytique. Elle est dit il une « surface de timbres »

Depuis lors, presque chacune de ses œuvres est un événement. On souligne souvent son indépendance, en partie expliquée par la marginalité musicale de départ. On peut également méditer sur les propos du compositeur :

Je suis né en Transylvanie et suis ressortissant roumain. Cependant, je ne parlais pas roumain dans mon enfance et mes parents n'étaient pas transylvaniens. [...] Ma langue maternelle est le hongrois, mais je ne suis pas un véritable Hongrois, car je suis juif. Mais, n'étant pas membre d'une communauté juive, je suis un juif assimilé. Je ne suis cependant pas tout à fait assimilé non plus, car je ne suis pas baptisé.

En 1995 il est récompensé par le « Schock Prize for Musical Arts » ; En 2001, il est gratifié du « Kyoto Award » ; En 2004 il reçoit le « Polar Music Prize


Catalogue des œuvres

1945, Cantate no 1 Et circa horam nonam, pour mezzo-soprano solo, deux chœurs mixtes et accompagnement instrumental, sur un texte de la liturgie latine.
1946, Magány (Solitude), choral pour chœur mixte a cappella sur un poème de Sándor Weöres. Créé à Stuttgart le 18 mai 1983 par la Schola Cantorum Stuttgart dirigée par Clytus Gottwald.
1950, aladi joc pour deux violins (1950)
1950, Andante et Allegro pour quatuor à cordes
1951, Concert românesc pour orchestre (1951)
1951-1953, Musica ricercata pour piano (1951-1953)
1953, Six Bagatelles pour Quintette à vents
1953-1954, Métamorphoses nocturnes, Premier Quatuor à cordes. Créé à Vienne par le Quatuor Ramor, le 8 mai 1958.
1957, Glissandi, musique électronique
1958, Artikulation pour bande magnétique, réalisé au Studio für Elektronische Musik de la Radio de Cologne (W.D.R.). Créée le 25 mars 1958 à Cologne lors d'un concert de la série Musik der Zeit
1958-1959, Apparitions pour orchestre. Créées le 19 juin 1960 à Cologne par l'Orchestre symphonique du N.D.R. de Hamburg sous la direction d'Ernest Bour.
1961, Atmosphères pour grand orchestre. Créées le 22 octobre 1961 au festival de Donaueschingen par l'Orchestre symphonique du Südwestfunk de Baden-Baden sous la direction de Hans Rosbaud.
1961-1962, Volumina pour orgue [révision en 1966]
1962, Aventures
1962, Poème Symphonique pour 100 métronomes (Dix personnes déclenchent des métronomes réglés à des vitesses différentes ; la pièce se termine lorsque le dernier métronome s'arrête) . Créé le 13 septembre 1963 Hilversum (Pays-Bas) sous la direction du compositeur.
1963-1965, Requiem pour soprano et mezzo-soprano solo, deux chœurs mixtes et orchestre . Créé le 14 mars 1965 à Stockholm par les Chœurs et l'Orchestre symphonique de la Radio suédoise sous la direction de Michael Gielen. Cette musique a été utilisée par Stanley Kubrick dans son film 2001 Odyssée de l'espace.
1965, Aventures et Nouvelles Aventures, double action scénique en 14 tableaux pour trois chanteurs (soprano, contralto et baryton) et sept instrumentistes. Créées le 19 octobre 1966 au Württembergisches Staatstheater Stuttgart sous la direction de Friedrich Cerha.
1966, Concerto pour violoncelle. Créé le 19 avril 1967 à Berlin par Siegfried Palm (dédicataire), avec l'Orchestre symphonique de la Radio de Berlin dirigé par Henryk Czyz.
1966, Lux Aeterna pour 16 voix mixtes solistes a cappella. Créé le 2 novembre 1966 à Stuttgart par la Schola Cantorum Stuttgart dirigée par Clytus Gottwald.
1967, Lontano pour grand orchestre. Créé le 22 octobre 1967 au festival de Donauschingen par l'Orchestre symphonique du Südwestfunk de Baden-Baden sous la direction d'Ernest Bour.
1967, Lux Aeterna
1967-1969, Deux Études pour orgue
1968, Continuum pour clavecin
1968, Continuum pour clavecin
1968, Deuxième Quatuor à cordes
1968, Dix pièces pour Quintette à vents
1968, Quatuor à cordes n° 2. Créé le 14 décembre 1969 à Baden-Baden par le Quatuor LaSalle.
1968-1969, Ramifications pour 12 cordes solistes. Créées le 23 avril 1969 à Berlin, par l'Orchestre symphonique de la Radio de Berlin sous la direction de Michael Gielen ; Version pour douze cordes solistes, créé le 1er octobre 1969 à Sarrebruck, par l'Orchestre de chambre de la Radio de la Sarre sous la direction d'Antonio Janigro.
1969-1970, Concerto de chambre (Kammerkonzert) pour 13 instrumentistes. Créé le 1er octobre 1970 au festival de Berlin par l'ensemble « Die Reihe » dirigé par Friedrich Cerha.
1971, Melodien pour orchestre (1971)
1972, Double Concerto pour flûte, hautbois et orchestre
1973, Clocks and Clouds pour 12 voix féminines
1973-1974, San Francisco Polyphony pour orchestre. Créée le 8 janvier 1975 à San Francisco par l'Orchestre symphonique de San Francisco sous la direction de Seiji Ozawa.
1978, Le Grand Macabre (Der grosse Makaber), opéra en deux actes sur un livret de Michael Meschke et György Ligeti d'après la pièce de Michel de Ghelderode La Ballade du Grand Macabre. Créé en suédois le 12 avril 1978 à l'Opéra royal de Stockholm, sous la direction de Elgar Howarth. Créé en version allemande originale le à l'Opéra de Hambourg le 15 octobre 1978, sous la direction de Elgar Howarth. Créé en français dans une traduction de Michel Vittoz à l'Opéra de Paris le 23 mars 1981 sous la direction de Howarth et dans une mise en scène de Daniel Mesguich. Version révisée en 1996, créée au festival de Salzbourg le 28 juillet 1997 sous la direction d'Esa-Pekka Salonen, dans une mise en scène de Peter Sellars.
1982, Trio pour violon, cor et piano
1985, 1989-1990, Études pour piano
1985, Six Études pour le piano (Premier Livre)
1985-1988, Piano Concerto (1985-88)
1988, Concerto pour piano et orchestre. Version intégrale en cinq mouvements créée le 29 février 1988 au Konzerthaus de Vienne par Anthony di Bonaventura (piano) et l'Orchestre symphonique de la Radio autrichienne (O.R.F.) sous la direction de Mario di Bonaventura.
1988-1994, Huit Études pour le piano (Deuxième Livre)
1990, Concerto pour violon et orchestre. Version intégrale en cinq mouvements créée le 8 octobre 1992, à Cologne par Saschko Gawriloff (violon) et l'Ensemble Modern sous la direction de Peter Eötvös.
1992, Concerto pour violon
1995, Étude pour le piano (Troisième Livre)
1998-1999, Hamburg Concerto pour Cor solo et orchestre de chambre avec quatre cors naturels obligés
2000, Síppal, dobbal, nádihegedűvel: Weöres Sándor verseire

Bibliographie

BAYER FRANCIS, De Schönberg à Cage. Klincksieck, Paris 1987
GRIFFITHS P., Modern Music, György Ligeti. Robson Books, London 1983
György Ligeti in Conversation. E. Eulenburg, London 1983
György Ligeti. Dans « Musik-Konzepte » (53), Munich 1987
LIGETI GYÖGY, Neuf Essais sur la musique. Éditions Contrechamps, octobre 2001
Ligeti-Kurtág. Dans « Contrechamps » (12-13), L'Âge d'homme, Lausanne 1990
MICHEL P., György Ligeti, compositeur d'aujourd'hui. Minerve, Paris 1985
NORDWALL O., György Ligeti. Eine Monographie. Schott, Mainz 1971.

in www.musicologie.org/Biographies/ligeti_gyorgy.html